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LES SAAMEEL: GARDIENS DU TESTAMENT EN MILIEU SEREER PAR SOBEL DIONE

Les saameel sont une caste de griots spéciaux. Dans le milieu sereer, on dit d’eux et de leur pouvoir extraordinaire être au carrefour du monde de vivants et de l’au-delà. Ce sont des hommes, des griots, ayant le pouvoir de converser avec ceux qui vont trépasser et aussi avec les morts n’ayant pas encore quitté notre monde. La personne illustre, le savant qui est sur le point de mourir peut se rendre à Senghor (village du Sine). Il passe sous le grand arbre qui remplit d’ombre la grande place publique, cet arbre sur lequel personne n’arrive à grimper et dont les fruits ne sont consommés que par les griots ordinaires. Personne ne voit le futur trépassé quand il va effectuer son pèlerinage. Il arrive dans le quartier des Saameel où l’on compte à peine trois concessions, se dirige chez le chef Latyr Sene, pénètre dans la case où le tam-tam sacré est soigneusement gardé. Il bat l’instrument de musique annonçant ainsi son arrivée chez les devins. Le son transmis de maison en maison et de case en case avertit les Saameel qui viennent se réunir chez leur chef. Là le futur trépassé commence à faire ses déclarations. Il leur confie ses secrets qui ne seront divulgués qu’après sa mort aux membres de sa famille et surtout au fils aîné ou à l’héritier.

Après son départ et lorsque sa mort sera officiellement annoncée par le battement d’un tam-tam, les Saameel se réunissent une deuxième fois, se rendent ensemble au pied de l’arbre à Pangool qui se trouve à quinze mètres de la case du chef pour y offrir le sacrifice du lait. Après cette cérémonie religieuse et toujours sous la conduite du chef des saameel, ils se préparent à se rendre au village natal du défunt. Très souvent ce sont des voyages de jour et de nuit. Mais comment ? Oui, comment ? On se pose la question car on ne les voit ni partir, ni revenir. Ils ne font leur apparition que quand ils entrent dans le cercle formé par l’assistance à l’occasion des funérailles ou lorsqu’ils franchissent le seuil de la maison du disparu car ils peuvent venir à n’importe quel moment. Ils s’habillent en rouge et portent sur la tête un bonnet auquel sont suspendus des petites cornes et des grelots. Le tam-tam en bandoulière, ils exécutent de très lents pas de danse tandis que de leur bouche sortent des mélopées qu’accompagnent les instruments de musique. Ils interpellent, adoptent un langage que l’assistance n’arrive jamais à comprendre. Les chants aussi sont indescriptibles; on n’entend que du murmure. Ils ont une langue qui leur est propre. C’est le moment où eux aussi quittent la vie ordinaire pour communier avec les êtres surnaturels.

Pour savoir d’où vient ce pouvoir qui fait d’eux des hommes craints et respectés, il faut remonter à l’origine de la fondation du village qui fait tant parler de lui.

Extrait de mon livre << NAA MBAAX >> HISTOIRE ET COUTUMES SEREER

#SobelDione

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