CONTRIBUTION

L’IGNORANCE, LA MÈRE DU RACISME. PAR MANSOUR LY

Nous sommes arrivés à un stade ou la vie humaine n’aurait plus aucune valeur. A force d’entendre des discours xénophobes, de rejet de l’autre, la différence est devenue un mobile criminel dans notre société

Docteur en droit international, Mansour Ly connaissait très bien Mamoudou Barry, mort après une agression raciste. Les deux hommes se fréquentaient à l’Université de Rouen, en France, où ils ont soutenu leurs thèses. Partant ce cas douloureux, M. Ly analyse les soubassements du racisme.

Le 19 Juillet 2019 a eu lieu la finale de Coupe d’Afrique des Nations de football au Caire (Egypte). Cet événement sportif majeur de notre continent devrait être une fête, une communion entre les peuples d’Afrique. Malheureusement, cette compétition continentale a pris des tournures hallucinantes, dépouillée de tout son aspect fraternel et sportif. L’image positive de ce tournoi a été pervertie par une horde de nationalistes.IL semble même tolérer de cultiver leurs chauvinismes jusqu’à l’extrême :

N’importe qui peut traiter ses semblables, de singes, de sous homme. A la veille de chaque match, les réseaux sociaux sont devenus pour certains, un défouloir, un exutoire de haine. Des paroles nauséabondes qui devraient être d’un autre Age y sont propagées. Dans cette sphère virtuelle tous les coups sont permis, on peut se faire traiter de tous les noms, se faire lyncher.

On peut même y lancer des appels à mort. Nous sommes arrivés à un stade ou la vie humaine n’aurait plus aucune valeur. On peut mourir pour un mauvais regard, pour la couleur de ses yeux, pour un nez écrasé. A force d’entendre des discours xénophobes, de rejet de l’autre, la différence est devenue un mobile criminel dans notre société.

Honte à toutes celles et ceux qui cautionnent et font prospérer ce discours. Je ne dis pas que tous nos maux proviennent des réseaux sociaux. Mais ils sont devenus de véritables caisses de résonnances de la parole raciste et la haine de l’autre.

Ces agissements xénophobes, négrophobes, racistes ainsi que le mésusage des réseaux sociaux contribuent à fabriquer de nouveaux monstres prompts à passer à l’acte. Ce discours détestable qui gangrène notre société, a emporté notre frère et Ami Mamoudou BARRY. Il a succombé à la suite de coups volontaires portés par un individu enragé et haineux, qui visiblement n’accorde aucune sorte d’importance à la vie humaine. Ce crime sauvage sur fond de racisme, nous a tous choqués et bouleversés. Car, Mamoudou a été tué juste parce qu’il était noir.

Après cette mort tragique nous attendons que la justice fasse la lumière et toute la lumière sur cette affaire. S’il y’a eu des manquements, c’est la justice qui doit l’établir. Pour l’instant, l’enquête est cours et nous espérons que justice sera rendue. Partant des éléments factuels dont nous disposons, le coupable à des antécédents psychiatriques et est sous le régime de la curatelle. Si ces éléments sont avérés, son meurtrier  serait pénalement irresponsable ! Cela voudrait dire que nous vivons dans une société ou le danger est permanent. Et ce serai un signal inquiétant qu’on enverrai à toutes celles et ceux qui souhaiteraient vivre dans un environnement sur et sécurisé.

Cette information n’a pas de quoi apaiser nos inquiétudes. En quelque sorte, par une rencontre malencontreuse avec un forcené nous pouvons y laisser nos vies sans raison. Mourir gratuitement parce qu’une personne dans un état démentiel l’a voulu. Ce qui est arrivé à Mamoudou BARRY ce jour-là pouvait arriver à n’importe qui d’entre nous. Il est évident, que les personnes souffrant de troubles psychiques doivent être traités et internés, si leurs états de santé le nécessitent. On est quand même en droit de se poser cette question, Si l’auteur présentait des troubles psychiatriques graves pourquoi l’avoir laissé dans la nature ?

On est quand même dans un grand pays, la France, ou le suivi médical existe, l’expertise médicale est l’une des plus performante au monde. Comment cet individu, qui représente une menace pour la société pouvait circuler tranquillement sans surveillance.

Était-il véritablement malade ? Quel était le niveau de son état mental et psychique qui lui permettrait de vivre en société ?

Certaines études sérieuses ont démontré que les personnes ayant des antécédents psychiatriques, suivies cliniquement passent à l’acte très rarement. Souvent elles sont inoffensives. C’est-à-dire qu’il est plus facile pour une personne « normale » de passer à l’acte et de faire preuve de violence qu’une personne malade et déjà suivie.

Aujourd’hui, l’émoi populaire est grand et tout le monde est désarçonné par cette tragédie. C’est maintenant à la justice d’établir toute la vérité. Nous attendons que le dossier soit pris au sérieux et que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Mamoudou avait une vie bien remplie qu’il a vécue utilement au service de sa famille, de ses semblables et de la science. Il ne doit pas mourir inutilement !

La disparition de cette identité remarquable résonne en moi comme une invitation à consolider les valeurs qui fondent notre vivre ensemble avant qu’il ne soit trop tard.

A travers ce crime ignoble, nous sommes interpelés sur nos responsabilités désertées. Il est urgent de faire notre propre introspection pour savoir quel type de société nous voulons bâtir ensemble.

Il nous faut prendre la pleine mesure de la gravité de la situation que nous vivons. Le repli identitaire et les peurs exaspèrent nos crispations et menacent notre vivre ensemble. Au premier plan, l’Etat doit garantir la sécurité des personnes et des biens. Il doit veiller à ce qu’on ne tue plus une personne à cause de la couleur de sa peau. L’ordre et la sécurité doivent être garanties dans les zones urbaines sensibles.

Les Habitants de ces zones vivent dans une angoisse permanente à cause de l’insécurité. Force est de constater que l’état tout seul ne saurais s’atteler à cette tâche sans le concours de tous les citoyens. Nous devons mutualiser nos forces pour déconstruire ces idées xénophobes qui nous empêchent de progresser ensemble.

Le 26 Juillet 2019, nous avons organisé une marche en la mémoire de Mamoudou Barry. Ce moment de recueillement a été l’occasion de manifester notre profonde indignation, de dénoncer le racisme et de réclamer JUSITICE pour Mamoudou.

Par un bégaiement de l’histoire, ce jour recueillement a aussi coïncidé avec troisième anniversaire de la mort de du Père Hamel. Un homme de foi qui est tombé sous les coups de fous furieux guidés par l’obscurantisme. Le racisme, l’intolérance et la haine de l’autre ne doivent plus avoir de place dans notre société. A cause de cette bêtise humaine et de notre indifférence face à ce fléau, nous avons perdu un être cher, quelqu’un qui pouvait tout apporter au continent africain, à la France et au monde.

Il a soutenu sa thèse 27 juillet 2017, un mois jour pour. Sa contribution scientifique a été unanimement saluée par ses paires. Ses travaux ont ouvert des pistes de réflexions à explorer et valoriser. Cette œuvre scientifique énorme, doit être perpétuée à la hauteur des ambitions qu’il avait pour l’Afrique, la France et le monde tout entier.

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