CONTRIBUTION
“Mimi ou la proposition de la honte” (Par Ansou Sané)
Quelle manière pour elle de démarrer cette quatorzième législature ! En effet, si dans ses attributions, le député peut soumettre au vote de l’Assemblée nationale des propositions de loi, il n’en demeure pas moins que cette démarche doit reposer sur des motivations fondées, justifiées et opportunes. Or, l’examen de l’exposé des motifs de la proposition de Mimi ne nous donne aucune indication claire sur des motifs pertinents pouvant justifier le dépôt de ce texte et ainsi militer en faveur de sa recevabilité. Dans l’article premier de sa proposition de loi, elle indique que « l’existence des liens de parenté est incompatible avec l’exercice des fonctions de Président d’institutions, de Premier Ministre, ministres, secrétaire d’Etat, Chef d’Etat major… ».
Une telle déclaration est dangereuse et discriminatoire. Dans le fond, elle est en contradiction totale avec les principes généraux du droit notamment avec le principe essentiel stipulant que la loi est générale et impersonnelle. En effet, une loi n’est jamais édictée pour viser une personne ou une catégorie de personnes bien déterminées. La règle de droit a vocation à s’appliquer à tous les membres de la société qui se trouvent dans une situation juridique établie. D’ailleurs, à ce sujet, Mimi doit aussi se rappeler que notre constitution pose le principe fondamental de l’égale dignité des citoyens devant les emplois publics.
C’est dire que la nomination d’un citoyen par le Président de la République ne saurait être biaisée par son appartenance à la famille biologique du dirigeant en place. Le reste relève du pouvoir discrétionnaire du Président de la République qui connaît, en toute conscience, les limites fonctionnelles et relationnelles pouvant découler de l’exercice de certaines attributions.
De par le monde, on peut citer beaucoup d’exemples de personnalités proches de dirigeants politiques qui ont occupées des postes de haut rang au sein de l’appareil étatique. Il en est ainsi de la France, sous l’ère Mitterrand, avec Jean Christophe Mitterrand, des Etats Unis avec Donald Trump qui avait nommé, dans son cabinet, sa fille Ivana et son gendre Jared Kushner. Au Sénégal, le Président Léopold Sédar SENGHOR avait son cousin Adrien Senghor dans son Gouvernement. Abdou DIOUF avait aussi nommé son frère Maguette DIOUF au rang de ministre tout comme Abdoulaye WADE qui avait confié d’importants postes ministériels à son fils Karim WADE, sans oublier Doudou WADE, son neveu, qui avait occupé le fauteuil de Président du groupe parlementaire PDS à l’Assemblée nationale.
S’agissant des personnes supposées être visées par Aminata TOURÉ dans sa proposition de loi, il s’agit de proches du Président Macky SALL connus et reconnus pour leur engagement politique sans faille au sein de l’APR et pour leur loyauté vis-à-vis du parti et de son Président. Pourrait-on en dire autant de Mimi Touré?
Au-delà des profils politiques, il faut aussi dire que ces responsables remplissent des compétences qui justifient pleinement leur nomination aux fonctions qu’elles occupent. En réalité, en présentant ce texte, Mimi cherche simplement à apparaître « sous les lampes des projecteurs » tout en oubliant qu’elle avait battu campagne auprès de Mansour FAYE (à Saint Louis), d’Amadou Mame DIOP (à Dagana), d’Aliou SALL (à Guédiawaye) et d’Abdoulaye THIMBO (à Pikine).
Si son désir de diriger la présidence de l’Assemblée nationale s’était réalisé, l’on sait tous que cette proposition de loi n’allait jamais être déposée. Ce qui dénote tout simplement du manque de sincérité, de conviction et de loyauté dans sa démarche.
Ansou Sané, Directeur général de l’ANRAC