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Etats-Unis : la victoire de Joe Biden à la présidentielle validée par le Congrès, Donald Trump promet une « transition ordonnée »

LEMONDE

Philippe Escande

Dans un communiqué publié jeudi, le président sortant admet « la fin du plus grand premier mandat présidentiel de l’histoire », même s’il dit être « en total désaccord avec le résultat de l’élection ».

Les faits

Le Congrès des Etats-Unis a finalement certifié, jeudi 7 janvier, la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, après une longue interruption mercredi due à l’intrusion de manifestants pro-Trump dans le Capitole.

Dans un communiqué publié jeudi, Donald Trump promet « une transition ordonnée le 20 janvier » et admet « la fin du plus grand premier mandat présidentiel de l’histoire », même s’il dit être « en total désaccord avec le résultat de l’élection ».

L’envahissement du bâtiment fédéral pendant plusieurs heures a conduit les parlementaires et leurs employés à être confinés, et a poussé la maire de la capitale américaine à décréter un couvre-feu à partir de 18 heures.

Des militaires de la Garde nationale ont été envoyés sur place. La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour évacuer les manifestants. Joe Biden a condamné une « insurrection ».

Une femme blessée par balle par la police dans l’enceinte est décédée. Trois autres personnes – une femme et deux hommes – sont mortes aux alentours du Capitole. Au total, 52 personnes ont été arrêtées dans la capitale, a annoncé mercredi soir la police de Washington.

Donald Trump, qui refuse de concéder sa défaite, avait appelé ses partisans à défiler à Washington en marge de cette séance protocolaire. Ils se sont rassemblés par dizaines de milliers. Pendant les évènements, il a pris la parole pour demander l’arrêt des violences tout en continuant à affirmer que l’élection avait été « volée ».

Le vice-président républicain Mike Pence, s’exprimant à la réouverture de la séance, a regretté un « jour sombre » et condamné les « violences ».

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, fidèle allié du président sortant, a condamné les violences des manifestants pro-Trump qui ont envahi le Capitole sans toutefois rompre avec le républicain. « J’ai voyagé dans de nombreux pays et j’ai toujours soutenu le droit de chaque être humain à manifester pacifiquement pour ses croyances ou ses causes », a-t-il écrit sur Twitter. « Mais la violence, mettre en danger la sécurité des autres, dont ceux chargés d’assurer notre sécurité à tous, est intolérable chez soi comme à l’étranger. »

Le Monde aujourd’hui à 11h06 Réactions

Le président iranien, Hassan Rohani, vient de réagir à l’invasion du Capitole des États-Unis : « La démocratie occidentale est vulnérable et fragile », a-t-il estimé. 

A ce stade, aucune réaction des dirigeants, mais plusieurs critiques de la part de divers politiques, associations ou médias officiels des trois pays en question. 

La démocratie américaine « boîte des deux pieds », a ainsi commenté jeudi le président de la commission des affaires étrangères du Sénat russe après les troubles à Washington. « La partie perdante a des raisons plus que suffisantes d’accuser les gagnants de falsifications, il est évident que la démocratie américaine boîte des deux pieds », a déclaré sur Facebook Konstantin Kosatchev. Selon lui, les événements survenus dans la capitale fédérale montrent que les Etats-Unis n’ont pas le droit de dispenser des enseignements sur la démocratie à d’autres pays. « La fête de la démocratie est terminée. Elle a, malheureusement, touché le fond, et je dis cela sans une once de jubilation. L’Amérique a perdu le nord et n’a donc plus aucun droit de donner le cap. Et encore moins de l’imposer aux autres. »

En Chine, qui a connu des frictions constantes avec l’administration Trump, divers éléments critiquaient de manière cinglante le président sortant et ses partisans. La Ligue de la jeunesse communiste a ainsi publié un montage photo des violences au Capitole sur son microblog Weibo avec la légende : « Le 6 : le Congrès américain, un site des plus beaux à voir. »

En Iran, l’insurrection de mercredi est une preuve de l’hypocrisie américaine. L’agence de presse semi-officielle Fars a qualifié les États-Unis de « démocratie fragmentée », tandis que les comptes Twitter pro-gouvernementaux ont fait circuler des photos de la foule avec le mot-dièse #DownfalloftheUS (l’effondrement des États-Unis).

Le Monde aujourd’hui à 10h52

Des engins explosifs retrouvés aux abords des sièges du Parti démocrate et républicain

Selon l’agence Associated Press, la police a déclaré avoir retrouvé deux bombes artisanales (l’une à l’extérieur du Comité national démocrate et l’autre à l’extérieur du Comité national républicain) ainsi qu’une arme d’épaule et de nombreux cocktails Molotov cachés dans une glacière laissée sur les pelouses du Capitole.

Lors de la reprise de la session du Congrès, le vice-président des États-Unis, Mike Pence, qui est également de par sa fonction le président du Sénat, a qualifié de « jour sombre » les émeutes et déclaré qu’il condamnait la violence « dans les termes les plus forts possibles »

« A ceux qui ont fait des ravages dans notre Capitole aujourd’hui : vous n’avez pas gagné. La violence ne gagne jamais. La liberté gagne. Et c’est toujours la maison du peuple. Et lorsque nous nous réunirons à nouveau dans cette salle, le monde sera à nouveau témoin de la résistance et de la force de notre démocratie. »Le républicain a été ovationné par les parlementaires des deux camps pour son discours. 

Le Monde aujourd’hui à 10h39

Au-delà du siège du Congrès des États-Unis, plusieurs Etats ont été le théâtre de rassemblements des partisans de Donald Trump
Les capitoles de plusieurs Etats du pays ont également été le théâtre de manifestations des partisans de Donald Trump, hier, rapporte la radio publique américaine NPR. Par précaution, certaines législatures (comme cela a été le cas en Géorgie, dont les résultats de l’élection du 3 novembre sont dénoncés par le président sortant) avaient bloqué les accès au public.

Dans le Kansas, les manifestants ont brièvement occupé le capitole, mais les autorités ont déclaré qu’ils avaient un permis pour s’y rendre. Des rassemblements ont également été signalés dans l’Idaho, le Michigan et la Californie, entre autres. Si la police a signalé quelques escarmouches, la plupart de ces rassemblements ont été pacifiques. Les scènes les plus tendues ont eu lieu à Salem, dans l’Oregon, où des « Proud Boys » (une milice d’extrême droite) ont affronté des contre-manifestants de gauche. 

Le Monde aujourd’hui à 10h33 Réactions

Les violences au Capitole sont « inacceptables », selon le secrétaire américain au Trésor

Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a déclaré jeudi que les violences survenues au Capitole et commises par les partisans du président sortant, Donald Trump, étaient « inacceptables ». « Le temps est maintenant venu pour notre nation de s’unir et de respecter le processus démocratique américain », a-t-il déclaré à l’occasion d’une visite à Jérusalem.

Le Monde aujourd’hui à 10h32 Réactions

Benjamin Netanyahu qualifie les violences au Capitole d' »acte scandaleux »

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a estimé jeudi que les scènes de violence au Capitole à Washington représentaient « un acte scandaleux », lequel devait être « vigoureusement condamné ». « Je n’ai aucun doute sur le fait que la démocratie américaine triomphera, elle l’a toujours fait », a-t-il ajouté, alors qu’une rencontre est prévue à Jérusalem avec le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin.

Le Monde aujourd’hui à 10h29 Vos questions

L’ancien président républicain des États-Unis George W. Bush a vivement critiqué l’attitude de certains responsables du GOP, qui selon lui ont alimenté l’« insurrection » au Capitole de mercredi. « Les résultats d’élections ne sont ainsi contestés que dans les républiques bananières – pas dans notre république démocratique », affirme-t-il ainsi dans un communiqué. « Je suis consterné par le comportement irresponsable de certains dirigeants politiques depuis l’élection et par le manque de respect montré aujourd’hui à l’égard de nos institutions, de nos traditions et de nos forces de l’ordre », a-t-il encore souligné. 

Vous avez ici l’intégralité de son communiqué (en anglais) :

Le Monde aujourd’hui à 10h21 Réactions

Angela Merkel, « triste » et « en colère », pointe la responsabilité de Trump

Angela Merkel s’est dite jeudi « triste » et « en colère » après l’intrusion de partisans de Donald Trump au sein du Capitole à Washington, dont le président sortant porte, selon elle, une part de responsabilité.

« Je regrette profondément que le président Trump n’ait pas concédé sa défaite, depuis novembre et encore hier » mercredi, a déclaré la chancelière allemande à la presse, relevant que « les doutes sur le résultat de l’élection ont été alimentés et ont créé l’atmosphère qui a rendu possible les événements » de Washington.

Le Monde aujourd’hui à 10h19

En dépit de l’invasion du Capitole, action que de nombreux élus républicains ont condamnée, plusieurs parlementaires n’ont pour leur part pas renoncé à contester – dans le cadre légal, toutefois – les résultats électoraux de plusieurs États. Ainsi le Sénat et la Chambre ont-il rejeté les objections visant à invalider les votes de la Géorgie et de la Pennsylvanie en faveur de Joe Biden. Les républicains se sont également opposés aux votes de l’Arizona, du Nevada et du Michigan, mais leurs motions ont échoué avant d’être débattues.

Le Monde aujourd’hui à 10h11 Vos questions

Bonjour,

Selon Jason Whitehead, professeur de sciences politiques à Cal State Long Beach et interrogé par le San Francisco Chronicle, les participants à l’invasion du Capitole, notamment les leaders de la contestation, seraient plutôt poursuivis pour conspiration visant à « empêcher, entraver ou retarder par la force l’exécution de toute loi des Etats-Unis, ou pour saisir, prendre ou posséder par la force tout bien des Etats-Unis ». Un crime fédéral passible de vingt ans de prison.  Le Monde aujourd’hui à 10h06 Vos questions

Bonjour,

Donald Trump vient de déclarer qu’il y aurait « une transition ordonnée du pouvoir » envers Joe Biden le 20 janvier. Son déménagement semble donc bien prévu. Le Monde aujourd’hui à 10h00 Vos questions

Bonjour,

Les 232 votes dont vous faites mention sont en réalité les voix des grands électeurs remportées par Donald Trump lors de la présidentielle du 3 novembre. Il ne s’agit pas de soutiens actuels à proprement parler. Le Congrès est en train de certifier les résultats du collège électoral.  Le Monde aujourd’hui à 09h55 URGENT

Dans un communiqué aux médias, Donald Trump vient de déclarer qu’il y aura bien « une transition ordonnée du pouvoir » le 20 janvier :
 

« Même si je suis en total désaccord avec le résultat de l’élection, et les faits me le confirment, il y aura néanmoins une transition ordonnée le 20 janvier. J’ai toujours dit que nous continuerions notre combat pour que seuls les votes légaux soient comptés. Bien que cela représente la fin du plus grand premier mandat présidentiel de l’histoire, ce n’est que le début de notre combat pour rendre sa grandeur à l’Amérique. » Le Monde aujourd’hui à 09h51 URGENT

Etats-Unis : le Congrès valide la victoire de Joe Biden à la présidentielle

La séance destinée à certifier la victoire du candidat démocrate avait été longuement interrompue mercredi après l’invasion du bâtiment fédéral par des partisans de Donald Trump. Le démocrate l’emporte avec 306 voix, contre 232 pour le président républicain sortant. Le Monde aujourd’hui à 09h50 Vos questions

L’épidémie de Covid-19 aux États-Unis est en effet très vive, et de nombreux Etats font face à une saturation des hôpitaux. A Los Angeles et dans la Central Valley de Californie, des pénuries d’oxygène ont été signalées. L’Arizona voisin enregistre quant à lui le taux d’infection le plus élevé du monde… Les clichés pris hier dans le Capitole montrent des protestataires (venus de tout le pays) souvent non masqués. Donald Trump a d’ailleurs régulièrement minimisé la dangerosité de l’épidémie.  Le Monde aujourd’hui à 09h39 Vos questions

The San Francisco Chronicle (lien en anglais) se pose cette question ce matin, et sa réponse est la suivante : « En théorie, oui. » Le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis sacralise la « liberté d’expression ». Toutefois, une décision de justice de la fin des années 1960 estime que le gouvernement peut condamner les discours « visant à inciter ou à produire une action de non-droit imminente ». Donald Trump, son avocat Rudy Giuliani ou encore son fils Donald Trump Jr n’ont pas directement participé à l’invasion du Capitole, mais ils ont fait des déclarations qui peuvent aisément être qualifiées d’incitatives. 

Interrogée par le journal, Laurie Levenson, professeur de droit pénal à la Loyola Law School de Los Angeles et ancien procureur fédéral, a estimé que les participants à l’invasion du Capitole pourraient être accusés d’agression et de vandalisme, et que leurs leaders pourraient être accusés de terrorisme intérieur et même de conspiration visant à renverser le gouvernement en interférant avec les fonctions du Congrès. Selon elle, Donald Trump pourrait quant à lui, du moins en théorie, être accusé d’incitation à ces crimes.

Reste que Robert Weisberg, professeur de droit de Stanford, également sollicité par le San Francisco Chronicle, argue de son côté que les déclarations de Donald Trump ne constituent pas un motif d’accusation pénale. Selon l’arrêt rendu par la Cour suprême en 1969 dans l’affaire Brandenburg contre Ohio, « pour être coupable d’incitation, il faut démontrer que la personne a intentionnellement essayé d’inciter les gens à causer un préjudice violent de manière imminente ou presque immédiate », insiste Robert Weisberg. « Il est difficile de dire ce que [Donald Trump] avait l’intention de faire ou ce qu’il s’est rendu compte que ses paroles pourraient entraîner ». Le Monde aujourd’hui à 09h27 Sur lemonde.fr

Récit 

« Aucun de nous ne veut d’une élection volée par l’extrême gauche », a asséné Donald Trump avant d’ajouter : « Nous n’abandonnerons jamais. Nous ne reconnaîtrons jamais la défaite. Nous allons arrêter le vol de l’élection. » Dans un discours de plus de une heure, mélange de meeting électoral décousu et de contestation du scrutin, le président sortant a répété son argumentaire au sujet de la bascule survenue lors de la nuit de l’élection. « A 22 heures, on menait par des centaines de milliers de voix, l’élection était jouée, a-t-il dit, et boum : plus tard dans la soirée, ou tôt le lendemain, il y a eu ces conneries [« bullshit » dans le texte]… »


« Bullshit ! Bullshit ! », ont repris en chœur les manifestants, un brin médusés par le langage présidentiel. Donald Trump a alors expliqué que son vice-président, Mike Pence, n’avait qu’une chose à faire : demander une nouvelle certification des résultats contestés.
 

Le Monde aujourd’hui à 09h16 Réactions

Donald Trump « n’a pas mesuré la portée de ses propos », selon Marine Le Pen

Marine Le Pen a estimé jeudi que Donald Trump n’avait « pas mesuré la portée de ses propos sur une partie » de ses partisans, qui ont semé le chaos à Washington. Elle a pour la première fois reconnu la victoire de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis.

La dirigeante politique d’extrême droite a estimé que l’on avait « le droit de contester une élection devant les tribunaux » et que, « à partir du moment où la certification des votes [étai]t effectuée, il n’y a[vait] aucune difficulté, pour [elle ni] pour quiconque, d’ailleurs, [à] admettre que M. Biden [étai]t président des Etats-Unis ».

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