La France annonce la mort du « deuxième terroriste le plus recherché » au Sahel
La ministre française des Armées Florence Parly a annoncé mardi, dans l’avion qui la ramenait d’une tournée au Sahel, que la France avait éliminé début octobre Ali Maychou, « le deuxième terroriste le plus recherché » dans la région.
Le Marocain Abou Abderahman al-Maghrebi, alias Ali Maychou, considéré comme le numéro deux et leader religieux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), organisation jihadiste reliée à Al-Qaïda, a été tué par les forces françaises au Mali début octobre, a annoncé à l’AFP, mardi 5 novembre, la ministre française des Armées, Florence Parly.
Le jihadiste a été tué « dans la nuit du 8 au 9 octobre » sur le sol malien en coordination avec les forces maliennes et un soutien américain, a-t-elle précisé dans l’avion qui la ramenait d’une tournée dans plusieurs pays de la région du Sahel, où quelque 4 500 militaires français sont déployés dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.
Il en était devenu le leader spirituel avant de participer à la fondation du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) en 2017 avec Iyad ag Ghali, le numéro un de l’organisation dont il était le plus proche fidèle (et qui est en tête de la liste des personnes recherchées).
« Il s’agit de la neutralisation d’un personnage très influent »
Le GSIM, également connu sour l’acronyme RVIM (Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans), a revendiqué les attaques récentes contre les forces maliennes à Boulkessy et Mondoro avec 40 militaires tués. Le groupe a aussi revendiqué l’attentat de Ouagadougou de mars 2018 (huit morts). Les attentats de Ouagadougou de 2016 (30 morts) et 2017 (19 morts) sont également l’œuvre d’Al-Qaïda.
Cerveau de l’expansion d’Al-Qaïda au Sahel, artisan de l’unité des katibas du sud au sein du GSIM, Ali Maychou est le deuxième personnage d’importance du GSIM tué cette année, après la mort de l’Algérien Djamel Okacha, alias Yahya Abou El Hamame, en février.
« Il s’agit de la neutralisation d’un personnage très influent », a déclaré à l’AFP Florence Parly, au lendemain de sa visite au Burkina Faso, où elle a rencontré des forces spéciales françaises. « Il est très important de désorganiser ces mouvements en profondeur », a souligné la ministre, « mais cela ne signifie pas que ces mouvements s’autodétruisent en parallèle ».
« Il faut continuer ce travail de contre terrorisme mais ce n’est qu’un élément » de la tâche à accomplir pour sécuriser les pays du Sahel, a-t-elle rappelé en mentionnant l’importance d’accompagner les forces armées locales pour qu’elles gagnent en autonomie. « La véritable victoire sera celle des armées sahéliennes », a-t-elle fait valoir alors que la situation sécuritaire dans la zone est fortement dégradée.
Doutes sur la capacité de l’armée malienne à faire face
La nouvelle de cette élimination intervient quelques jours après la mort d’un soldat français dans le nord-est du Mali, tué par un engin explosif. Le groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS), autre organisation jihadiste active au Mali, a revendiqué cette attaque, de même que celle d’un camp militaire du nord du pays où 49 soldats ont été tués vendredi (deux autres sont morts samedi tués par une explosion dans le centre).
Malgré la présence des forces française, africaine et onusienne, la dégradation de la situation sécuritaire et les revers subis renforcent les doutes sur la capacité de l’armée malienne à faire face aux agissements jihadistes et aux autres violences auxquelles ce vaste pays est en proie depuis 2012 et qui ont fait des milliers de morts, civils et combattants.
Plus largement, l’ensemble des armées nationales des pays sahéliens, parmi les plus pauvres au monde, semblent incapables d’enrayer la progression des attaques.
La France espère que d’autres pays européens contribueront à la lutte armée contre les jihadistes en envoyant des forces spéciales au Mali en 2020, alors que parallèlement, Paris anime au sein de l’organisation G5 Sahel un volet de développement de ces pays pour lutter aussi par ce biais contre les mouvements jihadistes, en appelant différents pays et institutions à financer des projets.