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Tunisie, les Emiratis soupçonnés de favoriser un coup d’Etat

Mondafrique

Nicolas Beau

D’après nos confrères algériens d’El Watan, plusieurs médias moyen-orientaux, parmi lesquels Al Quds al arabi paraissant à Londres, ont rapporté hier que l’agence turque du renseignement (MIT) a dénoncé un projet de coup d’Etat en Tunisie coordonné par les Emirats arabes unis.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, soutient la même source, aurait appelé son homologue tunisien au début de cette semaine pour le prévenir du danger et l’informer des éléments détenus par ses services de renseignement.

Le premier acte de ce coup d’Etat, précise Al Quds al arabi, devait débuter le 13 juin prochain avec des manifestations antipouvoir. Selon des sources turques, ces manifestations devaient être préparées et dirigées par des personnalités liées à l’ancien régime de Zine Al Abidine Ben Ali et «certains leaders d’organisations affiliées à la gauche tunisienne, qui n’ont pas réussi à se faire une place au Parlement lors des dernières élections législatives».

Le « modèle « égyptien »

D’après le site thelenspost.com, qui traite également longuement du sujet, «le coup d’Etat projeté en Tunisie vise globalement à reproduire le scénario mis en place en Egypte pour porter Al Sissi au pouvoir». Ce scénario, ajoute-t-on, «comprenait aussi la diabolisation du mouvement Ennahdha». Une diabolisation, indique-t-on, qui a déjà commencé, «puisqu’une partie de la classe politique veut destituer Rached Ghanouchi qui occupe actuellement la présidence de l’ARP, l’Assemblée tunisienne».

Il s’agissait également, pour thelenspost.com, de «plonger la Tunisie dans le chaos à travers des manifestations de rue artificielles, de telle sorte à provoquer la dissolution du Parlement et le viol de la Constitution». Le stratagème aurait servi «à préparer l’arrivée au pouvoir d’une figure inféodée à Abu Dhabi à qui il aurait été demandé d’appliquer à la lettre l’agenda d’Abu Dhabi en Libye et dans la région».

Documents sensibles

Comment les renseignements turcs ont-ils appris l’existence d’un projet de putsch en Tunisie ? Al Quds al arabi évoque «des documents sensibles retrouvés par les renseignements turcs dans les coffres-forts de la base d’Al Watiya, après sa reprise le 19 mai par les forces alliées au gouvernement d’union nationale (GNA), évoquant les détails du complot». Ces documents de plusieurs pages recenseraient en outre «les noms de politiciens tunisiens, de responsables de la sécurité et d’hommes d’affaires en contact avec les Emirats et impliqués dans la mise en œuvre du coup d’Etat».

Imra Kikli, chercheur au Centre de recherche et d’études Sita, cité par le journal turc Yeni Shafak, soutient que l’architecte de ce coup d’Etat avorté est Mohammed Dahlan, conseiller du prince héritier d’Abu Dhabi. Selon la même source, cette information a été confirmée par l’expert en sécurité et ancien officier du renseignement, Coskun Basbug, sur son compte Twitter.

Ce dernier a affirmé que les services de renseignement turcs avaient informé les autorités tunisiennes d’une tentative de «coup d’Etat militaire» financée par les Emirats arabes unis, soulignant la «participation des parties saoudiennes et égyptiennes dans cette affaire». Ni la Tunisie et encore moins les Emirats arabes unis n’avaient réagi hier à l’information rapportée par la presse arabe.

La même source indique que «les Emirats arabes unis intensifient leurs efforts depuis des années pour orienter les politiques internes et externes de certains pays, dont la Tunisie, dans le but de construire un ‘‘nouvel ordre régional’’ conforme aux perceptions des maîtres d’Abu Dhabi». La réalisation de ce nouvel ordre régional, préviennent les médias arabes, passe par «la destruction des processus démocratiques naissants dans le monde arabe et la déstabilisation de plusieurs pays». La Tunisie a souvent été otage de la rivalité entre les Emirats arabes unis et le Qatar.

Abu Dhabi a, ces dernières années, fait pression à de nombreuses reprises sur Tunis pour évincer de la coalition gouvernementale les islamistes d’Ennahdha, accusés d’être trop proches de Doha.

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