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L’affaire Darmanin devient un « boulet » pour l’exécutif

lemonde.fr

Rafaële Rivais

Accusé de viol par une femme, le ministre de l’intérieur garde le soutien d’Emmanuel Macron et de Jean Castex. Mais plusieurs membres de la majorité craignent que la polémique n’affaiblisse le pouvoir.

Par Alexandre Lemarié

Déclaration à la presse du premier ministre, Jean Castex (au premier plan), en présence de Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, à Dijon, le 10 juillet.

Il est sur tous les fronts, ou presque. Depuis sa nomination au ministère de l’intérieur, Gérald Darmanin multiplie les déplacements et les prises de parole pour renouer la confiance avec les forces de l’ordre. Et, surtout, tenter d’imprimer sa marque.

Rien n’y fait. Deux semaines après son arrivée, le nouveau locataire de Beauvau reste empêtré dans la polémique sur l’affaire qui le concerne. En 2017, il a été mis en cause par une femme pour viol. Classée sans suite dans un premier temps, la procédure a été relancée par la cour d’appel de Paris, qui a demandé, début juin, de nouvelles investigations.

Les accusations qui le visent lui valent d’être soumis au feu roulant des critiques, notamment de la part d’associations féministes. Samedi 18 juillet, l’ex-ministre du budget a encore été la cible de chants hostiles de la part d’une dizaine de femmes, lors de sa venue à Nantes après l’incendie de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. « Cathédrale en feu ! Darmanin au milieu ! », ont-elles scandé. Depuis sa nomination place Beauvau, les militantes féministes dénoncent inlassablement un « remaniement de la honte ». Elles appellent à la démission de M. Darmanin et ciblent également le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, accusé d’avoir critiqué le mouvement #metoo. Plusieurs milliers de manifestants ont protesté le 9 juillet, à Paris et dans plusieurs autres villes de France, contre leur présence au gouvernement, dénonçant « la culture du viol En marche ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les nominations de Darmanin et Dupond-Moretti discréditent les ambitions françaises de promotion des droits des femmes »

Au sein de l’opposition, les attaques fusent également. « Gérald Darmanin n’est pas à sa place comme ministre de l’intérieur », a jugé la sénatrice socialiste de l’Oise, Laurence Rossignol. Chez Les Républicains, Rachida Dati a déploré qu’« une suspicion de viol, de harcèlement et d’abus de confiance » ne soit pas considérée comme « un obstacle à diriger le pays ». La présidente de la région Ile-de-France,Valérie Pécresse, a, elle, déploré « une marque de mépris pour toutes les victimes ». Dans une tribune publiée dans Le Monde le 15 juillet, un collectif de 91 femmes issues de plus de trente-cinq pays du monde a condamné, à son tour, « un virage politique antiféministe ».

« Tranquille comme Baptiste »

De son côté, Gérald Darmanin joue la sérénité, assurant n’avoir, « évidemment », rien à se reprocher. « Je suis tranquille comme Baptiste », a-t-il déclaré, samedi 18 juillet, dans La Voix du Nord, faisant référence au personnage de comédie qui joue le bouc émissaire subissant les coups avec flegme. « J’ai eu une vie de jeune homme », s’est-il défendu, s’estimant « accusé à tort ». Deux jours plus tôt, il avait déjà contre-attaqué, en se disant « victime d’une chasse à l’homme » et « l’objet d’une calomnie ».

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